03/02/2021

Chaque année, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, attire l’attention de chacun sur la nécessaire réduction des inégalités entre les femmes et les hommes. Si la date est connue et relayée par les médias, elle pose une question : pourquoi en faire une journée quand on peut en faire plus ? C’est autour de cette idée qu’est né le Mois des femmes à Vincennes. Programme.

Il y a à peine plus de cinquante ans, les femmes pouvaient enfi n ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari. Jusque-là, le code civil, en instituant l’incapacité juridique de la femme mariée consacrait l’infériorité de la femme à l’égard de l’homme. Il en a fallu, des lois pour permettre aux femmes d’accéder aux droits les plus élémentaires : celui de voter, d’exercer le métier de leur choix, de pouvoir se syndiquer, d’avorter… Malgré ces avancées, la question des droits de la femme reste d’actualité en France. Le 8 mars, nous continuons à célébrer la Journée internationale pour les droits des femmes. À tous ceux qui pensent qu’une journée, c’est déjà trop, Vincennes propose un mois dédié aux femmes. Si ce sujet occupe le devant de la scène, ce n’est pas parce que la Ville est dirigée par une femme. C’est surtout parce que depuis longtemps, Vincennes a mené des actions concrètes pour faire avancer le débat et s’inscrire comme une collectivité résolument engagée pour l’égalité hommes-femmes.

Derrière les chiffres*, une réalité sociétale

La femme est l’avenir de l’homme, chantait Jean Ferrat en 1975, référence à la célèbre maxime de Louis Aragon. Et en un peu plus de quarante-cinq ans, il semblerait bien que la société française lui ait donné raison. En termes de population globale, la France compte plus de femmes que d’hommes. La ville de Vincennes s’inscrit dans la tendance nationale puisqu’elle compte 26 376 femmes contre 23 515 hommes. Vincennes est donc une ville féminine, avec une part croissante de femmes sur la tranche d’âge 75-89 ans. Cela va de pair avec l’espérance de vie qui, on le sait en France, est plus importante chez les femmes que chez les hommes. Mais avant ces âges, où sont les femmes ? Elles travaillent bien sûr ! Et au préalable, elles font des études. Et en la matière, on peut dire que les Vincennoises n’ont pas à rougir de leur parcours. (chiffres ci-contre).

34,1 %des Vincennoises (sur le total de la population non scolarisée de 15 ans ou plus) sont diplômées Bac + 5 ou plus. Une belle réussite, puisqu’à l’échelle de la France, ce taux redescend à 9,1 %

À terme, une belle source d’opportunité pour Vincennes qui pourra aussi les compter parmi ses futurs talents, et pourquoi pas, de futures entrepreneures locales ! Et c’est justement sur le plan de l’entrepreneuriat féminin que la France a encore un petit peu de chemin à parcourir. En effet, s’il y a quasiment autant de femmes que d’hommes salariés, il est loin d’en être de même pour la population non salariée de 15 ans ou plus. Un chiffre : 381 411 femmes employeurs en France contre 1 002 584 hommes employeurs. À Vincennes, ce sont 388 femmes à avoir le statut d’employeur contre 997 hommes, soit une proportion comparable à celle de la moyenne nationale. Il en est de même pour les secteurs de la construction ou de l’industrie qui restent peu féminisés et, à l’inverse, ceux qui accueillent une forte proportion de femmes, en l’occurrence, l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale. Vincennes se situe donc, in fine, dans la moyenne nationale. Au-delà du statut, c’est aussi dans la façon d’exercer son métier que les différences hommes-femmes se creusent.

Concrètement, en France, ce sont 25% des salariées de 25 à 54 ans qui sont à temps partiel contre 5,5% pour les hommes. À Vincennes, pour la même tranche d’âge, le taux est de 14,4% contre 6% pour les hommes.

Mais si on regarde l’évolution entre 2007 et 2017, on voit que les choses bougent : la part des hommes recourant au temps partiel progresse par rapport aux femmes. Sans doute faut-il y lire entre les lignes que les hommes participent de plus en plus à la gestion de la famille. Quant à la question des salaires, elle reste au coeur des débats sur l’égalité hommes-femmes. En clair, plus on avance en âge, plus les différences de salaires entre les sexes sont importantes.

Quant à l’employabilité des femmes, le chômage affecte autant les femmes que les hommes, avoisinant les 8,5 % en 2019. Cependant, il existe des différences locales, comme à Vincennes : 17,9 % de femmes de 15 à 24 ans au chômage contre 21 % d’hommes alors qu’à l’échelle de la France, il n’y a pas de différence notable sur la même tranche d’âge. Même constat pour la tranche d’âge 55-64 ans : 8,5 % de Vincennoises sont touchées par le chômage contre 9,5 % de Vincennois alors que le taux est quasi le même quel que soit le sexe pour la moyenne nationale. Les Vincennoises s’en sortiraient donc légèrement mieux en début et en fin de carrière que les Françaises en général.

" 23,8 % : c’est l’écart national de salaire net moyen entre les hommes et les femmes sur la tranche d’âge des plus de 50 ans. Un pourcentage qui est le même à Vincennes. "

Les chiffres qui parlent aussi, ce sont ceux qui illustrent la composition de la famille. À Vincennes, on compte 28 % de ménages constitués par des femmes seules (un taux en baisse sur la période 2007-2017) contre 18 % d’hommes seuls. En France, les taux sont respectivement de 20,7 % (en hausse entre 2007 et 2017) et 15,7 %. Autres chiffres éloquents : sur les 15,7 % de familles vincennoises monoparentales, 13,2 % ont à leur tête une femme et 2,5 % un homme. Vincennes là encore se situe dans la moyenne nationale. Des indicateurs clés qui permettent aussi à la Ville de Vincennes de cibler les axes de sa politique sociale et familiale.

Administration municipale : la parité par l’exemplarité

Depuis plusieurs années maintenant, la Ville de Vincennes s’est emparée du sujet de l’égalité hommes-femmes au sein même de son administration, avec des propositions actées et concrétisées, notamment à travers la mise à disposition d’outils de communication dédiés.

Citons d’abord l’édition, en janvier 2019, d'un Guide de prévention et de traitement des situations de violence et de harcèlement. Un outil qui s’inscrit dans l’obligation faite aux entreprises, depuis cette date, de désigner un référent et de mettre en place un affichage en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes. Objectif de ce guide : aider les agents à prévenir les situations de violence et/ou de harcèlement, leur donner les clés pour les repérer et y apporter des réponses concrètes et efficaces. Chacun y trouve notamment les moyens de protection prévus par le statut de la fonction publique.

A5 HARCELEMENT

Chaque année avant le vote du budget, un rapport sur l’égalité hommes-femmes est présenté aux élus. Un document global qui a permis de dresser un état des lieux concernant la population des agents de la Ville.

Le rapport 2020 rappelle que :

  • Sur les 731 agents comptabilisés au 31 décembre 2019, 499 sont des femmes et 92 % des agents à temps partiel sont des femmes.
  • Trois femmes occupent un poste d’encadrement supérieur (DGA) à Vincennes, sur cinq postes, alors que sur l’ensemble de la fonction publique territoriale, seulement 42 % des emplois de direction sont occupés par des femmes.
  • Bon point pour la Ville : l’écart de salaire net des hommes et des femmes est moins important que dans la fonction publique territoriale dans son ensemble.
  • Sur les trois dernières années, sur 207 agents qui ont bénéficié d’un avancement de grade, 71 % sont des femmes.

L’élaboration d’un plan d’action pluriannuel pour l’égalité hommes-femmes a par ailleurs été lancée. Parmi les deux axes de ce plan : l’édition d’un guide de la parentalité, avec la volonté d’encourager les papas (qui ne sont que 5 % en France à prendre un congé parental) à jouer un rôle plus important dans la parentalité et à partager le congé parental avec les mamans. Une exposition photos sur la mixité des métiers a été également menée à bien en interne, afin de mettre en lumière le thème de la parité dans les métiers occupés par les agents de la Ville. Une démarche destinée à lutter contre les stéréotypes et promouvoir la mixité et la mobilité des agents.

Autant d’actions qui illustrent non seulement l’image d’une ville qui, en interne, souhaite être exemplaire sur le sujet. « L’égalité hommes-femmes s’applique plus que jamais aux agents comme à la population vincennoise et c’est en ce sens que la municipalité inscrit son programme d’actions », explique Éric Bensoussan, Adjoint au maire chargé des ressources humaines. Une ville qui s’engage sur le thème de la parité hommes-femmes, et travaille pour que, dès l’enfance, la mixité et le respect de la place de l’autre fassent partie des habitudes. « Dans le cadre du projet de rénovation que nous consacrons aux cours d’école, avec l’ambition d’offrir le meilleur environnement aux en- fants, nous étudions aussi comment favoriser une meilleure répartition des espaces entre les garçons et les fi lles, explique Odile Séguret, Adjointe au maire chargée de l’enfance. Par ailleurs, nous avons souhaité intégrer pour l’élaboration du nouveau Projet Éducatif Territorial (PeDT) un groupe de travail sur le “bien-vivre à l’école”, qui se penchera sur la question du harcèlement et intégrera aussi ces questions essentielles pour la société de demain. »

* Source : INSEE, janvier 2021.

Les violences faites aux femmes : une priorité pour la Ville

Violences faites aux femmes

146  femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019  en France. 36  327, c’est le nombre de femmes qui ont été victimes de violences graves en 2016 dans le Val-de-Marne. 28  % des victimes de violences conjugales physiques et/ou sexuelles auto déclarées sont des hommes (source : l’enquête Cadre de vie et sécurité – Insee – 2019). Soit 82 000 victimes par an, en moyenne sur la période 2011-2018. Depuis le mois d’octobre 2017 et le début du mouvement #MeToo, le nombre de victimes de violences sexuelles connues des forces de sécurité sur une année a augmen-té de 23 %.

Ajoutons 74 faits de violences conjugales enregistrés sur l’année 2020 à Vincennes. Ce ne sont que quelques chiffres et il y en aurait tellement d’autres pour attester d’un fléau qui touche toutes les villes et les femmes, dans toutes les catégories socio-professionnelles. Selon les constats faits par des associations qui accompagnent les femmes victimes de violences conjugales, sept tentatives de départ sont en moyenne nécessaires pour ces femmes avant de quitter définitivement l’agresseur. Parmi les femmes qui se sont déclarées victimes de violences physiques et/ou sexuelles au sein du couple dans le cadre de l’enquête « Cadre de vie et sécurité » (2010-2015-INSEE-ONDRP), plus des deux tiers habitent toujours avec leur conjoint. Des statistiques qui ne laissent pas indifférents, surtout pas une Ville comme Vincennes qui depuis quelques années maintenant entend apporter une réponse concrète aux violences faites aux femmes.

« La Ville a d’abord souhaité accompagner les femmes victimes de violences, en communiquant sur les différents outils, structures et interlocuteurs mis à leur disposition, sur Vincennes, mais également sur le département et la région, sans oublier, sur les moyens nationaux comme le 3919 », rappelle Cécile Bréon, Conseillère municipale chargée des populations fragiles. Objectif : rappeler aux femmes qu’elles ne sont pas seules face aux violences qu’elles subissent et peuvent s’appuyer notamment sur les permanences du CIDF (Centre d’Informations sur les Droits des Femmes) à l’Hôtel de ville, sur un réseau d’acteurs mobilisés sur l’accompagnement des victimes à l’espace Pierre-Souweine mais également sur des associations comme Tremplin 94, à l’initiative du dispositif Téléphone Grave Danger (TGD) ou des institutions comme le Centre Hubertine-Auclert, soutenu par la Région Île-de-France.

Informer et proposer des actions de proximité, c’est aussi la responsabilité d’une collectivité comme Vincennes. La Ville agit aussi en amont, auprès des plus jeunes grâce au partenariat avec des compagnies de théâtre qui proposent des pièces adaptées au jeune public, leur permettant de prendre conscience très tôt de ce fléau. Les établissements scolaires collaborent aussi avec la Ville, en remontant des signalements, utiles ensuite dans la démarche d’accompagnement des femmes victimes de violences. Au dernier Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD), Madame le Maire,  Charlotte Libert-Albanel, a tenu à rappeler la convention signée entre la Ville et l’Espace Départemental des Solidarités. C’est dans ce cadre que désormais, lorsqu’une victime dépose plainte au commissariat, une fiche de liaison est automatiquement diffusée à la Ville qui va alors pouvoir entamer avec les travailleurs sociaux et les partenaires concernés un rapprochement avec la victime en vue de l’accompagner. En 2020, huit fiches de liaison ont été établies, c’est peu et c’est énorme à l’échelle de Vincennes.

La Ville a œuvré pour l’installation d’une maison relais : elle a été mise à disposition de Cités Caritas qui y accueille à travers sa structure les Berceaux de Myriam des femmes en situation difficile, parfois avec leurs enfants. « Dès ce mois-ci, un deuxième logement de secours, dans le sud de Vincennes, sera plus spécifiquement dédié à l’accueil de femmes victimes de violences », explique Pierre Lebeau, premier Adjoint au maire chargé des Solidarités.

îlot_rue_emile_dequen

Deux lieux qui viennent en complément de la maison d’accueil, l’Îlot, situé rue Émile-Dequen, qui compte des places d'hébergement d'urgence pour femmes seules, et du centre André-Bercher d'Emmaüs, rue des Laitières, qui accueille un public composé de femmes isolées et de familles monoparentales (mères & enfants) en difficulté. Lors du dernier CLSPD également, Diane Le Cottier, la commissaire de police de Vincennes, a évoqué la professionnalisation du traitement des violences conjugales. En effet, désormais, la brigade locale de protection de la famille prend en charge tout le contentieux lié aux violences conjugales. Elle est forte de deux enquêteurs. Une nouvelle organisation qui là encore va permettre de mener encore plus d’actions ciblées et de faciliter la prise en charge globale des victimes de violences conjugales.

Comprendre, soutenir, accompagner et suivre les femmes victimes de violences, quelles qu’en soient les formes, au sein de la Ville de Vincennes, c’est non seulement une mission de tous les jours mais c’est aussi un vrai acte citoyen. Comme l’a aussi rappelé Madame le Maire, en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, « Vincennes se doit d’être innovante et pro-active ». La question des droits de la femme est donc plus que jamais au cœur des missions de la Ville et de ses agents. Comme sur beaucoup de sujets, la réponse est collective pour aller plus vite et plus loin sur cette problématique de société. La femme a certes gagné une place dans la société mais il reste des combats à mener pour qu’elle soit pleinement l’égale de l’homme.

3 questions à

Dans la maison des Berceaux de Myriam, Laetitia Brunet accompagne six femmes enceintes et jeunes mamans en situation d’urgence. Encadré par l’association Cités Caritas, ce lieu, mis à disposition à Vincennes par la Ville, a été imaginé comme un cocon et leur offre une chance de se reconstruire et d’envisager l’avenir avec leur bébé.

Y avait-il urgence à créer un lieu d’accueil à destination des femmes enceintes ?

Oui. Investir sa grossesse quand on ne sait pas comment on va manger, ni où l’on va dormir  le soir même, c’est extrêmement compliqué. Bien souvent, les futures mamans que nous accueillons ne se projettent pas dans l’arrivée du bébé parce qu’elles sont dans l’urgence. Cette maison est un lieu où elles peuvent se poser. D’ailleurs, à leur leur arrivée, elles passent des journées à dormir pour récupérer. Ce  sont souvent des femmes qui ont un parcours migratoire extrêmement violent. On les rassure en leur offrant un hébergement en chambre individuelle où elles se sentent en sécurité. 

Quelle est la particularité de ce centre d’hébergement d’urgence ?

Les femmes enceintes ou jeunes mamans que nous accueillons ont toutes un besoin de soin, soit pour elles-mêmes, soit pour le fœtus, soit pour le nouveau-né. Elles nous sont adressées par les travailleurs sociaux ou les sages-femmes des établissements de santé. Nous les accueillons à partir de 6 mois de grossesse afin d’assurer a minima les derniers examens avant l’accouchement. En théorie, il est prévu qu’elles quittent la maison aux 3 mois de l’enfant. Mais les conditions actuelles de saturation des dispositifs d’hébergement allongent les délais. Nous avons actuellement des mamans avec des bébés de 1 an en attente d’orientation. Car nous ne remettons jamais une famille dehors.

Quelle est la force de cette maison collective ?

Sans nul doute la pair-aidance, autrement dit l’entraide entre femmes. Il existe une dynamique collective de soutien extrêmement bénéfique. Des amitiés fortes peuvent d’ailleurs se créer, les co-hébergées devenant les “tatas” du nouveau-né. Et puis, ce lieu est propice à l’entrée et à l’accompagnement aux soins. Une maman qui a un diabète gestationnel et qui dort dehors a besoin d’un toit sur la tête mais aussi d’une alimentation adaptée. Grâce à l’intervention des services de PMI et d’associations caritatives, elle va pouvoir prendre le temps de revoir sa façon de se nourrir, de cuisiner. 

Retrouvez les expositions du Mois des Femmes à Vincennes