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De bon matin, sur les pelouses du cours Marigny, Nuit, Prune et Caramel pointent leurs jolis museaux, trépignant d’impatience sur la paille de leur caisse de transport.
Ces trois femelles furet savent qu’elles vont pouvoir s’adonner dans quelques instants à leur passe-temps favori : chasser le rat !
Près d’elles, Alexandre Raynal s’affaire à installer un large filet autour des entrées de galeries de rats qu’il a repérées.
Depuis plusieurs années, cet amoureux des furets a développé un service de dératisation d’un genre particulier : « J’aime tellement mes furets que je ne parvenais pas à les vendre ! Et puis j’ai eu des rats chez moi, dans un pigeonnier. Sachant que le furet est un prédateur naturel du rat, j’ai eu l’idée d’essayer, et ça a fonctionné au-delà de mes espérances ! »
Depuis, il a dératisé avec ses vingt-cinq furets nombre de lieux infestés en zone urbaine. «
À Vincennes, beaucoup de riverains nous font part de leur exaspération quant à la présence des rats, ce qui n’est pas une spécificité vincennoise mais le lot de toutes les agglomérations, explique Charlotte Libert-Albane
l, maire de Vincennes.
Nous agissons depuis longtemps mais les produits raticides, en dehors d’être anti-écologiques, fonctionnent moins bien. Nous voulons tenter cette solution de bon sens et réellement naturelle. »
Le but étant de réguler au mieux la population des rats : « Ce sont en effet des éboueurs naturels qui ont leur utilité dans l’écosystème », précise Alexandre Raynal.
Prune s’est endormie, c’est donc Caramel qui entre en action. Elle se faufile dans le trou à l’entrée duquel la dépose Alexandre Raynal, et en quelques instants, parcourt les galeries souterraines, faisant fuir un gros rat dans les taillis.
Muni de gants anti-morsures, le dératiseur se saisit du rongeur bloqué par le filet et le dépose délicatement dans un bidon prévu à cet effet. « Le but n’est pas de faire souffrir le rat, au contraire. Nous le plaçons dans cette cuve sombre pour réduire son stress puis nous l’euthanasions avec du CO2 envoyé de façon progressive, pour qu’il s’endorme sans douleur. »
Un seul rat attrapé pour le moment, le spécialiste est étonné : « J’ai l’habitude d’endroits où ils pullulent beaucoup plus… » L’équipe se déplace pour repérer d’autres galeries. Au Jardin du Midi, les rats aperçus par les riverains viennent des souterrains du RER, mais ne vivent pas là. Même chose aux alentours de l’église, où les taillis ne recèlent qu’une galerie menant aux réseaux de tuyauteries souterrains et non à un nid installé.
« Je suis surpris que dans un endroit aussi végétalisé, avec des arbustes plantés de façon dense, les sols soient aussi propres. Si c’était partout comme ça, je serais au chômage ! » sourit-il.
Résultat des courses en fin de journée, 25 rats attrapés, dont 12 femelles.
Et lorsque l’on sait qu’elles peuvent engendrer jusqu’à 200 petits en 18 mois de vie, cela fait tout de même près de 2 500 rats évités sur la commune !
Moins de déchets, c’est moins de rats Reste qu’il « faut jouer collectif sur la question, rappelle Charlotte Libert-Albanel. La Ville fait de gros efforts de nettoyage au quotidien, a installé des poubelles fermées, et sensibilise aussi régulièrement particuliers et copropriétés».
Alexandre Raynal confirme : « Si les riverains voient des rats aux heures de déjeuner dans une ville aussi propre, c’est parce qu’ils remontent à ce moment-là, sachant qu’ils pourront se délecter des restes. »
Aussi écologique soit-elle, la lutte contre les rats ne fonctionnera que si les humains ne leur donnent pas rendez-vous pour un festin quotidien !