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Publié le 7 janvier 2025

Sans-abris en ville  : Une action entre humanité et fermeté

À l’écoute des habitants, la Ville traite la problématique des personnes sans domicile fixe au cas par cas. Car le cadre de la loi n’offre que des moyens d’action limités. Explications avec Romaric Leclerc, directeur de la Tranquillité et de la Sécurité publique de Vincennes

Vincennes Info : Comment abordez-vous la question des sans-abris dans la ville ? Romaric Leclerc : Pour les habitants, il est difficile de voir des personnes dans une grande précarité, cela fait mal au cœur, c’est humain. Certains s’offusquent de leur présence dans une ville au cadre agréable. Mais il faut rap-peler qu’être sans domicile fixe n’est pas une infraction et rarement un choix !

V. I. : Dans quelles situations pouvez-vous intervenir ?

R. L. : S’ils boivent une bière à 10 h du matin mais ne sont pas ivres, cela ne relève pas d’une intervention policière. En revanche, une ivresse publique manifeste (que l’on soit SDF ou pas), c’est une infraction très précise, et nous pouvons intervenir. De même, dès lors qu’ils sont agressifs, verba-lement ou physiquement, ou bien qu’ils ont des compor-tements manifestement déplacés, on peut faire appel aux forces de l’ordre pour qu’ils interpellent l’auteur des faits. Mais verbaliser un SDF à 35 euros n’est pas suffisamment dissuasif : le taux de recouvrement se rapproche du néant. Très clairement, amende ou prison ne sont pas les bonnes réponses à ce genre de situation.

V. I. : Comment agissez-vous alors ?

R. L. : Il est fondamental d’avoir une approche humaine et sociale mais ferme, et c’est là toute la difficulté. Nous tra-vaillons main dans la main avec les associations locales, telle Entraide et Partage, mais ce sont des bénévoles qui ne peuvent pas tout. L’hébergement d’urgence est une compé-tence de l’État : le 115 est saturé et n’est plus une solution. De plus, les SDF sont des gens hors du cadre, que l’on ne peut pas faire entrer dans une case. Sans prétendre ré-soudre tous les problèmes, nous avons donc pris le parti d’aller à leur rencontre afin de comprendre les raisons pour lesquelles ils se retrouvent dans cette situation. Le but étant de trouver des leviers pour les aider à sortir de la rue.

V. I. : Est-ce que cela fonctionne ?

R. L. : Oui, et j’en ai plusieurs exemples. Un jeune homme, « Marco », avait quitté son foyer suite à une rupture senti-mentale. Il était toujours au même endroit, face aux camé-ras de vidéo protection pour se sentir un peu protégé, car les SDF sont souvent victimes d’agressions. Nous avons re-travaillé son CV et il a trouvé un job de fleuriste au marché de Vincennes. Il a pu reprendre pied, trouver un logement et un autre travail hors de la ville. Autre exemple, ce vieux monsieur qui avait travaillé toute sa vie n’avait pas réussi à faire valoir ses droits à la retraite. Nous avons pu l’aider à mettre son dossier à jour et il est maintenant installé dans le Finistère. Mais s’ils ne veulent pas en sortir, vous aurez beau faire tout ce que vous voudrez, ce sera un échec. Nous avons aussi par exemple aidé une personne à changer son fauteuil roulant.

V. I. : Que faites-vous dans ces cas-là ?

R. L. : Nous avons une approche humaine, mais ferme. No-tamment avec des individus plus agressifs, comme ceux qui sont installés dans le Bois ou ceux qui sont arrivés, chassés de Paris, lors des JO. Une population beaucoup plus viru-lente, plus alcoolisée, plus violente, et fermée au dialogue. S’engagent alors des mesures plus coercitives, mais c’est un peu le jeu du chat et de la souris, car faute de solutions pé-rennes, ils reviennent.