Le corrigé de la dictée vincennoise
112 participants s’étaient donné rendez-vous pour la nouvelle édition de la dictée vincennoise dans les salons de l’Hôtel de ville. En voici le corrigé.
Une visite à Vincennes
Il y a quelque dix ans, des Bellifontains (Paul et Rose) vinrent nous voir à Vincennes. Par une journée s’annonçant sous les meilleurs auspices et par un ciel de bon augure, nous leur proposâmes une balade en notre ville royale.
D’abord une visite en mairie les ébahit à la vue des douze lustres en baccarat et des treize peintures marouflées, puis ils se sont ébaubis en regardant la coupole et les tableaux de Chabas.
Sortis de cet hôtel de ville, nous empruntâmes la rue de Fontenay grouillant de gens bons faisant leurs emplettes en ce jour de vide-grenier. Passant devant un stand de fripes et de nippes, Rose s’y arrêta. Ses mains se sont mises, à la va-vite, à farfouiller dans ces soldes. Elle en tirait moult sortes de sapes et autres : des pull-overs raglan abîmés, des cheviottes fripées bleu foncé, des pashminas chiffonnés auburn. À un moment elle s’est chaussée de bottillons fatigués en nubuck et elle s’est emmitouflée d’une doudoune fluo.
Nous nous sommes ri de cet accoutrement ridicule et nous nous sommes plu à le lui faire remarquer. À cet instant la marchande crut faire affaire, mais bernique ! notre Bellifontaine n’acheta rien : alors nous vîmes la vendeuse aux yeux bleu-vert jeter un regard torve vers notre amie, la vouant aux gémonies.
(fin de la dictée des scolaires)
L’heure de se sustenter arrivant nous entrâmes dans un restaurant sis face à la gent lanifère. Nous fûmes reçus par une accorte patronne qui, soi-disant, s’était laissé entraîner par son sens aigu de l’accueil : amie des fleurs elle s’était crue obligée de mettre dans des jardinières comportant des alvéoles emplis d’eau, moult phlox, dahlias et azalées.
Des effluves embaumés arrivant par des baies entrouvertes nous incitaient au repas. Le queux s’était surpassé, nous servant des vol-au-vent de ris d’agneau, un cuissot de chevreuil, des pets-de-nonne et des petits fours, le tout arrosé d’un chablis grand cru.
Quelles que soient, quelque affectées qu’aient pu paraître les drôles de manières qu’était censée avoir présentées la patronne, lors du repas, ce balthazar fut un régal. Satisfaits de cette journée, nous rentrâmes. Le lendemain, nos amis regagnèrent leurs chers pénates : Fontainebleau.
Texte de Michel Galisson