Le château de Vincennes verra ses abords nord réaménagés en 2024. Une opération attendue de longue date, impliquant de multiples partenaires, et qui a vocation à créer un écrin propice à l’attractivité et la visibilité de ce monument d’exception, témoin central de l’histoire de France.
Résidence royale, manufacture, arsenal, prison… Le château de Vincennes s’est agrandi, transformé, modifié au fil des siècles, sous l’impulsion de ses illustres résidents.L’époque contemporaine n’a pas dérogé à la règle. Depuis 1988, pas moins de 40 millions d’euros ont été investis par les deux ministères (Armées et Culture) qui occupent les lieux.
Châtelet, donjon, Sainte-Chapelle, parements et vitraux, rénovation des toitures ou encore consolidation du monument : un ensemble d’opération sont permis de mettre en valeur l’édifice.
Derniers travaux en date, la restauration et consolidation des murs nord-est et nord ouest de contrescarpe, financée par le protocole défense-culture à hauteur de 4,2 millions d’€, ainsi que la restauration du pont levis et du pont dormant.
Le projet de réhabilitation des abords nord du château, aboutissement d’une réflexion initiée dès 1999, mobilise par nature de nombreux acteurs : la maîtrise d’ouvrage relève du ministère des Armées et de son maître d’ouvrage délégué, l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC).
La maîtrise d’oeuvre est pour sa part confiée à Christophe Batard, architecte en chef des Monuments historiques, qui s’est adjoint les compétences de l’agence de paysage Niez Studio et du concepteur lumière Régis Clouzet (Agence Lumière). Le financement sera quant à lui assuré par la Ville, avec le soutien de plusieurs financeurs (Métropole du Grand Paris, Région...) via la procédure du fonds de concours venant abonder le protocole défense-culture.
Le coût total des travaux d’aménagement des abords nord portant sur le seul territoire communal de Vincennes est estimé à 3 900 000 €, et les frais d’études préalables sont pris en charge par le ministère des Armées.À la suite du travail mené par les autorités de tutelle et les institutions concernées sur ce dossier, le projet a été présenté à l’ensemble des élus municipaux en présence de l’architecte en chef des monuments historiques.
Puis la convention entre la ville de Vincennes et le Ministère des Armées a été validée par le Conseil municipal le 21 septembre.
Les prochaines étapes seront assurées par la maîtrise d’oeuvre du projet pour la consultation des entreprises dans le courant du premier trimestre 2024, avant un démarrage des travaux à l’automne pour une durée estimative de 15 mois. Et d’ici là, une réunion d’information publique sera organisée le 15 novembre par le ministère de la Défense,maître d’ouvrage.
Classé au titre des Monuments historiques, le château de Vincennes et ses abords ont rejoint la liste des domaines nationaux par un décret de septembre 2021. Conformément au Code du patrimoine, les biens constituant le domaine national ont vocation à être conservés et restaurés par l’État dans le respect de leur caractère historique, artistique, paysager et écologique. Diverses études ont été menées en ce sens avec la réalisation de plusieurs schémas directeurs (1998, 2011, 2016) par les architectes en chef des Monuments historiques successifs. Tous prévoyaient de se référer à un état historique de la fin de l’Ancien Régime,avec au sud, l’évocation de l’esplanade aménagée devant l’arc de triomphe de la Tour du Bois,à l’est, la lisière forestière qui a existé jusqu’à la construction du Fort Neuf et à l’ouest, un jardin ordonnancé. En complément de ces trois états d’époque classique, le projet d’origine prévoyait au nord un état plus hybride, anachronique,évoquant la barbacane médiévale dans un aménagement “contemporain”, et proposant un parti paysager adapté à l’environnement urbain en place et ouvrant des vues sur le château.
Carte générale du parc de Vincennes, de ses dépendances et des lieux circonvoisins, 1696, Archives nationales, N II Seine.199
Bien que cohérent, ce projet se heurtait à des contraintes inhérentes à la présence de réseaux enterrés majeurs (RATP avec l’affleurement de la station de métro, gaz, électricité haute tension…),rendant impossible la plantation d’un alignement d’arbres sur la frange nord du glacis.Le dernier projet proposé suit les grands principes validés auparavant : création de cônes de vue, arasement des glacis défensifs du XIXe siècle– et de leurs cheminements peu praticables nés dans les années 1930, totalement inaccessibles aux personnes à mobilité réduite – un état de fait qu’il convient aussi de corriger. Mais il prend en compte les contraintes mises au jour,mais aussi à l’évolution des conditions climatiques.Il consiste en un aménagement végétal et paysager raisonné, avec un bilan arboré positif(18 arbres ne peuvent pas être conservés mais 45 seront plantés, dans des conditions destinées à favoriser leur développement et leur avenir, sur les abords nord ; à terme, le projet global prévoit plus de 130 arbres supplémentaires). Un parti pris qui permet de repenser la composition, plus libre et contemporaine, de nature à évoquer la richesse végétale (potagers et vergers) qui prévalait à la fin de l’Ancien Régime au pied du Château.Véritable lien entre le Château et la ville, ce jardin d’agrément permettra une transition subtile de composition et d’ambiance entre leurs fonctionnalités et échelles respectives, et invitera le promeneur à une déambulation poétique et historique.
Une réflexion approfondie a été menée pour faire évoluer le projet. Inscrit dans une logique de développement durable, il permettra de généraliser la perméabilisation des sols (seuls les deux parvis central et ouest seront pavés) et une amélioration notable des dispositifs de drainage. Grâce à l’apport de mélange terreux à infiltration lente, favorable à la biodiversité (en lieu et place des remblais de cailloux actuels, compacts et pauvres en matière organique), les travaux contribueront également à une amélioration très significative de la qualité des sols. Les essences plantées (chênes chevelus et pruniers de Damas) seront adaptées aux nouvelles conditions climatiques et posséderont un système racinaire compatible avec la proximité du monument – sans créer les désordres observés sur les murs de contrescarpe, qui viennent d’être restaurés. Objectif : préparer dès aujourd’hui la canopée de demain.Une étude phytosanitaire mandatée par l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC) a porté sur les arbres présents autour du Château. 93 arbres de huit espèces ont été analysés, dont une grande majorité de platanes.Les sujets sont majoritairement en bonne santé– notamment grâce à l’abattage en temps voulu ces dernières années des sujets malades. Mais la présence d’arbres de haut jet (frêne, platane, marronnier…)trop proches des murs du Château génère des problématiques liées au développement des racines. Il est donc préconisé qu’aucun arbre de ce type ne soit planté à moins de 20 mètres de l’enceinte du Château. Un impératif pour continuer à protéger un monument unique, rassemblant1 000 ans d’histoire nationale.
Les travaux ont commencé le 2 septembre 2024, avec l'abattage des 18 arbres comme annoncé. Consulter notre rubrique "Le vrai du faux" pour en savoir plus sur les opérations menées sur les abords nord en septembre 2024.