Aménagement des abords nord du Château
Le château de Vincennes voit ses abords nord réaménagés en 2024/2025. Une opération attendue de longue date, impliquant de multiples partenaires, et qui a vocation à créer un écrin propice à l’attractivité et la visibilité de ce monument d’exception, témoin central de l’histoire de France.
Résidence royale, manufacture, arsenal, prison… Le château de Vincennes s’est agrandi, transformé, modifié au fil des siècles, sous l’impulsion de ses illustres résidents.L’époque contemporaine n’a pas dérogé à la règle. Depuis 1988, pas moins de 40 millions d’euros ont été investis par les deux ministères (Armées et Culture) qui occupent les lieux.
Châtelet, donjon, Sainte-Chapelle, parements et vitraux, rénovation des toitures ou encore consolidation du monument : un ensemble d’opération sont permis de mettre en valeur l’édifice.
Derniers travaux en date, la restauration et consolidation des murs nord-est et nord ouest de contrescarpe, financée par le protocole défense-culture à hauteur de 4,2 millions d’€, ainsi que la restauration du pont levis et du pont dormant.
Abords nord du Château : le vrai du faux
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L’emprise du château et de ses abords est classée Monuments Historiques et inscrite sur la liste des domaines nationaux. Toute intervention s'inscrit dans la règlementation du Code du Patrimoine, avec des circuit des validations aussi stricts que pour le Louvre ou le Palais de l'Élysée par exemple.
Le propriétaire et Maitre d’ouvrage est le Ministère des armées ; son maître d’ouvrage délégué est l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC). Les 18 arbres concernés sont abattus par une société pour le compte de l’Oppic, établissement public de maîtrise d’ouvrage publique, travaillant pour le compte de l’Etat et de ses établissements.
Aujourd’hui déjà, les glacis sont entretenus par les collectivités (Vincennes et Paris selon les côtés), via une "AOT" (Autorisation d'Occupation Temporaire) et l’État perçoit une redevance. L’aménagement des abords s’inscrit donc dans ce même cadre juridique et administratif.
La maîtrise d’oeuvre est pour sa part confiée à Christophe Batard, architecte en chef des Monuments historiques, qui s’est adjoint les compétences de l’agence de paysage Niez Studio et du concepteur lumière Régis Clouzet (Agence Lumière). La ville de Vincennes soutient le projet et participera au financement du futur aménagement, avec le soutien de plusieurs financeurs publics via la procédure du fonds de concours venant abonder le protocole défense-culture.
L’autorisation a été délivrée par la préfecture du Val-de-Marne, et l’ensemble des procédures nécessaires, diagnostics préalables… a été respecté.
Rien en saurait justifier les commentaires diffamatoires, insultes à caractère misogyne ou même menaces visant directement Mme le Maire de Vincennes, reçus via les réseaux sociaux, et intolérables dans tous les cas.
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Cet abattage est rendu nécessaire pour permettre de réaliser le projet de réaménagement des abords qui permettra l’accès au plus grand nombre (personnes à mobilité réduite, famille avec poussettes ne peuvent y accéder aujourd'hui) tout en plantant davantage d'arbres.
Le nombre d’arbres non conservés dans le projet est de 18, mais le nombre d’arbres qui sont plantés est en effet de 45 (9 chênes chevelus et des pruniers de Damas). Le projet compte donc 23 arbres de plus qu'auparavant.
Une réunion publique d’information et d’échanges a été organisée le 15 novembre 2023, et l’ensemble de ces éléments avaient été mentionnés. Plusieurs articles ont été publiés dans Vincennes info sur cette opération.
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Certains arbres (identifiés par les diagnostics phytosanitaires successifs) ne sont pas en bonne santé, comme le montrent les images prises ce 2 septembre après l'abattage.
D’autres se trouvent trop près des murs de contrescarpe pour en permettre la bonne conservation : pour rappel, 4,2 M€ ont été investis par l'État pour reconsolider et restaurer les murs des fossés dégradés notamment par les racines.
Les remblais caillouteux et très compacts des talus n'assurent pas le bon développement de ces arbres et leur pérennité à terme. La présence de réseaux gaz, haute tension et basse tension Enedis enterrés sous le talus, d’une canalisation d’eau traversant les abords d’ouest en est, et l’affleurement de la station de métro sur près de la moitié du linéaire oriental sont aussi à prendre en compte : le choix qui a été fait a été de préserver les arbres proches de ces réseaux, car à cet endroit, il ne serait pas possible de replanter.
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La ville a engagé depuis plusieurs mois un spécialiste des arbres justement afin de veiller au patrimoine arboré de Vincennes qui est composé de plus de 4000 sujets.
En 20 ans 1000 arbres supplémentaires ont été plantés à Vincennes afin de mieux adapter la ville aux bouleversements climatiques. Chaque année, la Ville plante plusieurs dizaines d'arbres, soit pour remplacer des arbres malades abattus, soit des arbres nouveaux qui viennent accroître le patrimoine arboré de la Ville. Un chiffre à comparer aux 18 arbres abattus dans ce projet qui verra la plantation de 45 arbres, soit 23 arbres supplémentaires.
Pour mémoire, à aucun moment les arbres de l'avenue Carnot ni même ceux situés strictement le long de l'avenue de Paris ne sont concernés par un abattage.
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Les principes fondamentaux du projet (objectifs de valorisation d'un monument unique et de renforcement de son attractivité) ont été repris par les Architectes en chef successifs des bâtiments de France.
La densification ou la reconstitution d’un alignement est impossible :
- pour des raison techniques
- présence de réseaux gaz, haute tension et basse tension Enedis enterrés sous le glacis
- canalisation d’eau traversant les abords d’ouest en est
- affleurement de la station de métro sur près de la moitié du linéaire oriental
- racines de certains arbres devenues problématiques notamment pour les murs de contrescarpe des douves (des travaux de restauration ont été menés pour réparer notamment les dégâts causés sur le monument par des racines).
- pour des raisons environnementales et écologiques. Le nouveau projet permettra de :
- généraliser la perméabilisation des sols (seuls les parvis central et ouest seront pavés)
- améliorer notablement les dispositifs de drainage
- procéder à l’apport de mélange terreux à infiltration lente, favorable à la biodiversité (les remblais de cailloux actuels sont compacts et pauvres en matière organique)
- apporter une amélioration très significative de la qualité des sols
- planter des essences adaptées aux nouvelles conditions climatiques et dont le système racinaire sera compatible avec la proximité des murs de contrescarpe
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La question de la transition écologique est bien présente dans les fondamentaux de ce projet et les élus municipaux ont veillé à ce que cela soit le cas.
Les arbres actuels des glacis dépérissent années après années et il est nécessaire de planter aujourd’hui des arbres mieux adaptés au réchauffement climatique et de ne pas attendre que les générations futures doivent régler le problème.
Les choix ont été opérés par un paysagiste aux références multiples dans le domaine environnemental et après 3 diagnostics réalisés par des organismes indépendants. Ils ont été validés par la DRAC (Conservation régionale des Monuments historiques) et la DRIEAT.
La multiplicité des acteurs (l'Etat, ses services déconcentrés, ses établissements publics, les organismes de contrôle consacré aux questions phytosanitaires et à la biodiversité, publics comme privés, les professionnels : architectes comme paysagistes) est une garantie que la dimension environnementale a été prise en compte. Remettre en cause ces choix supposerait que tous ces intervenants seraient tous volontairement passés à côté de la dimension environnementale dans leur réflexion : ce n'est évidemment pas le cas.
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Les arbres se sont développés sur des talus aux terres très compactes et peu perméables. Leur système racinaire n’est que superficiel. Il ne peut donc être fait d’adaptation même mineure du projet, car il est impossible d’intervenir sur les sols situés à la verticale du la couronne ou du houppier des arbres sans mettre en péril leur stabilité (donc la sécurité des visiteurs) et leur espérance de vie.
La conservation de tous les arbres dont l’emplacement est compatible avec la présence des réseaux a été prise en compte systématiquement. Ce sera évidemment aussi le cas pour les arbres nouvellement plantés.
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Il faut revenir sur l’histoire du site : les glacis défensif ont été érigés en 1830, de premiers arbres ont été plantés en 1840 pour renforcer cet aspect défensif sur cet espace conçu pour être interdit au public. Ils ont été ouverts au public un siècle plus tard en raison de l’arrivée du métro. Il est contestable d'évoquer dans ce contexte d'un alignement bordant une voie ouverte à la circulation. Les arbres concernés ne sont pas ceux qui bordent l'avenue de Paris (dont le projet de requalification prévoit d'ailleurs de tout faire pour reconstituer l'alignement).
Pour autant, la procédure liée aux alignements d’arbres (article L.350-3 du Code de l’environnement) a bien été respectée et les autorisations ont été obtenues auprès de la DRIEAT et de la Préfecture. Les préconisations issues de cette procédure et des différentes études (chiroptères, abattage, chantier…etc) ont été intégrées dans le dossier de consultation des entreprises.
Un diagnostic réalisé quelques jours avant l'abattage, conformément aux textes, a conclu à l'absence d'espèces (oiseaux, chauves-souris) sur les sujets à abattre. Un chiroptérologue était présent pendant l'opération et a pu attester que l’abattage n’a causé aucun impact direct sur les chauves-souris :
De nombreux acteurs mobilisés
Le projet de réhabilitation des abords nord du château, aboutissement d’une réflexion initiée dès 1999, mobilise par nature de nombreux acteurs : la maîtrise d’ouvrage relève du ministère des Armées et de son maître d’ouvrage délégué, l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC).
La maîtrise d’oeuvre est pour sa part confiée à Christophe Batard, architecte en chef des Monuments historiques, qui s’est adjoint les compétences de l’agence de paysage Niez Studio et du concepteur lumière Régis Clouzet (Agence Lumière). Le financement sera quant à lui assuré par la Ville, avec le soutien de plusieurs financeurs (Métropole du Grand Paris, Région...) via la procédure du fonds de concours venant abonder le protocole défense-culture.
Le coût total des travaux d’aménagement des abords nord portant sur le seul territoire communal de Vincennes est estimé à 3 900 000 €, et les frais d’études préalables sont pris en charge par le ministère des Armées.À la suite du travail mené par les autorités de tutelle et les institutions concernées sur ce dossier, le projet a été présenté à l’ensemble des élus municipaux en présence de l’architecte en chef des monuments historiques.
Puis la convention entre la ville de Vincennes et le Ministère des Armées a été validée par le Conseil municipal le 21 septembre.
Les prochaines étapes seront assurées par la maîtrise d’oeuvre du projet pour la consultation des entreprises dans le courant du premier trimestre 2024, avant un démarrage des travaux à l’automne pour une durée estimative de 15 mois. Et d’ici là, une réunion d’information publique sera organisée le 15 novembre par le ministère de la Défense,maître d’ouvrage.
Le projet qui fait l’objet de la convention soumise au Conseil municipal le 21 septembre, a obtenu toutes les validations et autorisations préalables requises avant travaux, de la part de la DRAC (Conservation régionale des Monuments historiques), de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT), de la préfecture du Val-de-Marne et de la Commission interministérielle du château de Vincennes. Consulter l'arrêté du 5 mai 2023 publié au recueil des actes administratifs du Val-de-Marne.
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Carte générale du parc de Vincennes, de ses dépendances et des lieux circonvoisins, 1696, Archives nationales, N II Seine.199
Classé au titre des Monuments historiques, le château de Vincennes et ses abords ont rejoint la liste des domaines nationaux par un décret de septembre 2021. Conformément au Code du patrimoine, les biens constituant le domaine national ont vocation à être conservés et restaurés par l’État dans le respect de leur caractère historique, artistique, paysager et écologique. Diverses études ont été menées en ce sens avec la réalisation de plusieurs schémas directeurs (1998, 2011, 2016) par les architectes en chef des Monuments historiques successifs. Tous prévoyaient de se référer à un état historique de la fin de l’Ancien Régime,avec au sud, l’évocation de l’esplanade aménagée devant l’arc de triomphe de la Tour du Bois,à l’est, la lisière forestière qui a existé jusqu’à la construction du Fort Neuf et à l’ouest, un jardin ordonnancé. En complément de ces trois états d’époque classique, le projet d’origine prévoyait au nord un état plus hybride, anachronique,évoquant la barbacane médiévale dans un aménagement “contemporain”, et proposant un parti paysager adapté à l’environnement urbain en place et ouvrant des vues sur le château.
Un projet adapté à des contraintes nouvelles
Bien que cohérent, ce projet se heurtait à des contraintes inhérentes à la présence de réseaux enterrés majeurs (RATP avec l’affleurement de la station de métro, gaz, électricité haute tension…),rendant impossible la plantation d’un alignement d’arbres sur la frange nord du glacis.Le dernier projet proposé suit les grands principes validés auparavant : création de cônes de vue, arasement des glacis défensifs du XIXe siècle– et de leurs cheminements peu praticables nés dans les années 1930, totalement inaccessibles aux personnes à mobilité réduite – un état de fait qu’il convient aussi de corriger. Mais il prend en compte les contraintes mises au jour,mais aussi à l’évolution des conditions climatiques.Il consiste en un aménagement végétal et paysager raisonné, avec un bilan arboré positif(18 arbres ne peuvent pas être conservés mais 45 seront plantés, dans des conditions destinées à favoriser leur développement et leur avenir, sur les abords nord ; à terme, le projet global prévoit plus de 130 arbres supplémentaires). Un parti pris qui permet de repenser la composition, plus libre et contemporaine, de nature à évoquer la richesse végétale (potagers et vergers) qui prévalait à la fin de l’Ancien Régime au pied du Château.Véritable lien entre le Château et la ville, ce jardin d’agrément permettra une transition subtile de composition et d’ambiance entre leurs fonctionnalités et échelles respectives, et invitera le promeneur à une déambulation poétique et historique.
Un projet durable et responsable
Une réflexion approfondie a été menée pour faire évoluer le projet. Inscrit dans une logique de développement durable, il permettra de généraliser la perméabilisation des sols (seuls les deux parvis central et ouest seront pavés) et une amélioration notable des dispositifs de drainage. Grâce à l’apport de mélange terreux à infiltration lente, favorable à la biodiversité (en lieu et place des remblais de cailloux actuels, compacts et pauvres en matière organique), les travaux contribueront également à une amélioration très significative de la qualité des sols. Les essences plantées (chênes chevelus et pruniers de Damas) seront adaptées aux nouvelles conditions climatiques et posséderont un système racinaire compatible avec la proximité du monument – sans créer les désordres observés sur les murs de contrescarpe, qui viennent d’être restaurés. Objectif : préparer dès aujourd’hui la canopée de demain.Une étude phytosanitaire mandatée par l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC) a porté sur les arbres présents autour du Château. 93 arbres de huit espèces ont été analysés, dont une grande majorité de platanes.
Les sujets sont majoritairement en bonne santé– notamment grâce à l’abattage en temps voulu ces dernières années des sujets malades. Mais la présence d’arbres de haut jet (frêne, platane, marronnier…)trop proches des murs du Château génère des problématiques liées au développement des racines. Il est donc préconisé qu’aucun arbre de ce type ne soit planté à moins de 20 mètres de l’enceinte du Château. Un impératif pour continuer à protéger un monument unique, rassemblant1 000 ans d’histoire nationale.
Renforcer le lien qui unit Vincennes et son château
Les projets sont distincts, mais concourent à des objectifs communs et arrivent à maturité au même moment. Depuis le lancement en 2006 du Projet de ville, qui a transformé le centre ville,la Municipalité a toujours milité pour rapprocher la ville de son monument tutélaire,notamment via un travail d’apaisement et de réaménagement de l’avenue de Paris. « Cet axe est une véritable fracture urbaine : avec le Département, nous avons œuvré à faire en sorte que cette voie à très grande circulation soit à l’avenir sécurisée, améliorée, pour "rattacher", d’une certaine manière, le Château à sa ville », explique Charlotte Libert, maire de Vincennes. Les travaux, qui débuteront aussi en 2024, sécuriseront la circulation cyclable avec une piste protégée bidirectionnelle. Point important, parfois objet de rumeurs infondées, le projet s’attache à préserver les arbres d’alignement et à en planter si possible là où l’alignement est actuellement incomplet.