Il y a quatre mois, Horacio le chat et moi-même sommes arrivés à Vincennes. Pour nous, tout était alors nouveau : les gens, les commerces, les coutumes de l’immeuble. Nous ne savions pas que nous aussi, peu à peu, nous allions nous accoutumer.

Qu’Horacio se lierait d’amitié avec les enfants de l’appartement d’à côté et que, de temps en temps, il passerait par la fenêtre afin de leur rendre visite et de se faire caresser l’échine et appeler "mon beau" – il faut voir comme il aime qu’on lui adresse ces mots. Nous ne savions pas que lorsque arriverait José Manuel, l’homme qui habite avec nous (ou plus exactement qui habite avec moi chez Horacio), cet appartement allait se transformer en un grand tohu-bohu de mots et d’histoires, car lui comme moi sommes écrivains, et Horacio est le témoin qui, circulant d’une pièce à l’autre, met de l’ordre dans nos phrases.

Nous n’imaginions pas alors que j’allais devenir une cliente assidue de cette jolie petite boutique de la rue de Fontenay où l’on vend des colliers, des boucles d’oreilles, des bracelets et toutes ces bagatelles que j’aime tant. Ni que, sans y prendre garde, j’allais rencontrer, dans toutes sortes de magasins, de nouveaux amis : un monsieur qui joue de la guitare classique et avec qui j’ai engagé des conversations à propos de musiciens, l’employé du traiteur chinois devenu mon traiteur préféré, la caissière du supermarché où je suis allée tant de fois faire mes courses. Ni à Horacio ni à moi-même il ne nous avait traversé l’esprit que je pourrais croiser des visages familiers dans la rue, que je sois en train de marcher vers la station du métro ou arrêtée à un feu rouge, sur ma bicyclette. Et dire, tout sourires : "Bonjour, ça va ?" Comme quelqu’un qui serait du quartier et saluerait les gens qu’il côtoie depuis toujours.

Il y a encore quatre mois, ni lui ni moi n’aurions pu imaginer combien je serais heureuse dans mes ateliers d’écriture, ni à quel point ces rencontres me seraient profitables, car grâce aux conversations de groupe, aux questions des participants et à notre réflexion collective, j’ai découvert la solution à un problème que me posait le roman que je suis en train d’écrire. Plus que d’enseigner, je crois que l’atelier m’a permis d’apprendre. Comme disait ma mère : si tu veux comprendre quelque chose, essaye de l’expliquer. Et c’est bien ce qui s’est passé.

Lorsque nous sommes arrivés à Vincennes, nous ignorions la quantité d’habitudes qui allaient prendre place dans nos vies. Mais l’Habitude est comme ça, elle arrive un jour, silencieuse, s’installe en toi pour te faire oublier que tu n’es que de passage, pour te faire croire que cette vie-là, c’est ton présent, ton avenir, que ce lieu où tu es confortablement installée, c’est celui où tu as vécu depuis toujours. Lorsque nous sommes bien, l’Habitude se métamorphose et devient la Douce Habitude, et le temps passe véloce et nous perdons le fil des jours qui passent. Jusqu’à aujourd’hui, par exemple, où je dois écrire la dernière chronique de ma résidence et ce mot, "dernière", fait frémir l’Habitude, lui fait lever les yeux vers moi et confesser qu’en effet, dans quelques jours, il nous faudra partir. Nous : Horacio, José Manuel et moi, nous commencerons à préparer nos valises. Elle, l’Habitude, restera, se cachera sans doute dans quelque armoire de l’appartement, à l’affût du prochain écrivain qu’elle ne manquera pas d’assaillir et à qui elle susurrera, la nuit : tu es ici chez toi, Vincennes est ton quartier, tu as ici des amis, vous allez passer de merveilleux moments. Et nous, nous partirons, sachant bien qu’elle, l’Habitude, la Douce Habitude, a bien raison.

Traduction : Thomas Steinmetz

Texto en español

La agradable costumbre Karla Suárez

Hace cuatro meses, el gato Horacio y yo llegamos a Vincennes. Entonces todo era nuevo para nosotros: la gente, los comercios, las costumbres del edificio. No sabíamos que, poco a poco, nos íbamos a ir acostumbrando. Que Horacio se iba a hacer amigo de los niños del apartamento de al lado y que, de vez en cuando, iría a visitarlos por la ventana para que acariciaran su lomo y le dijeran “lindo” (hay qué ver cuánto le gusta que lo llamen así). No sabíamos que cuando llegara José Manuel, el hombre que vive con nosotros (o mejor dicho, que vive conmigo en casa de Horacio) este apartamento se iba a convertir en un reguero de palabras e historias, porque tanto él como yo somos escritores y Horacio es el testigo que se mueve de una habitación a otra ordenando las frases.

No imaginábamos entonces que me iba a volver asidua cliente de la linda tiendita de la Rue Fontenay donde venden collares, aretes, pulseras y todas esas cosas que me gustan tanto. Ni que, sin darme cuenta, iba a ir haciendo amigos en diferentes comercios: un señor que toca la guitarra clásica con quien compartí conversaciones sobre distintos músicos, el dependiente del traiteur chino que se convirtió en mi traiteur favorito, la cajera del supermercado donde he comprado tantas veces. Ni a Horacio ni a mí nos había pasado por la mente que yo pudiera encontrarme algún conocido por la calle, ya fuera caminando hacia el metro o parada en un semáforo con mi bicicleta. Y entonces, entre sonrisas, decirnos “hola, ¿qué tal estás?”. Como quien está en su barrio y saluda a las personas que conoce de toda la vida.

Hace cuatro meses ninguno de los dos sospechaba lo bien que me la iba a pasar en el atelier de escritura y lo útil que iban a ser esos encuentros, porque gracias a las conversaciones en el grupo, a las preguntas de la gente y a la reflexión, he descubierto cómo resolver un problema que tenía en la novela que estoy escribiendo. Más que enseñar, creo que el atelier me ha servido para aprender, es como decía mi madre: si quieres entender algo, intenta explicarlo. Y así mismo ha sido.

Cuando llegamos a Vincennes todavía no sabíamos la cantidad de costumbres que se iban a instalar en nuestras vidas. Pero la Costumbre es así, llega un día, silenciosa, se acomoda a tu cuerpo para que se te olvide que estás de paso y pienses que éste es tu presente y tu futuro y que vives cómodamente instalado en el lugar donde has estado siempre. Cuando nos sentimos bien, la Costumbre se convierte en la Agradable Costumbre y el tiempo pasa velozmente y no nos damos cuenta de los días. Hasta hoy, por ejemplo, que me toca escribir la última crónica de mi residencia y la palabra “última” hace que la Costumbre se estremezca, que alce los ojos hacia mí y, discretamente, confiese que es cierto: dentro de pocos días tenemos que marcharnos. Nosotros: Horacio, José Manuel y yo empezaremos a hacer maletas. Ella, la Costumbre, seguramente se quedará escondida en alguno de los armarios del apartamento para esperar la llegada del próximo escritor e instalarse en su cuerpo y susurrarle en las noches: esta es tu casa, Vincennes es tu barrio, aquí tienes amigos, la pasarán muy bien. Y nosotros nos iremos sabiendo que ella, la Costumbre, la Agradable Costumbre, tendrá razón.