Septembre 2023

Patrimoine et résilience – ou comment chérir à l’avenir l’héritage du passé

Les Journées du Patrimoine célèbrent chaque année un héritage dont nous sommes collectivement fiers : du Château à l’Hôtel de ville, en passant par les immeubles arts déco et l’histoire locale de l’industrie du cinéma, ce patrimoine constitue un formidable legs que nous avons tous à coeur de protéger.

Or le changement climatique est une menace pour le vivant autant que pour le patrimoine. En miroir, une vision étriquée de la conservation du patrimoine sera un frein puissant aux stratégies d’adaptation au changement climatique de la ville et de ses habitants. D’un côté, la pollution, les épisodes de chaleur, les précipitations violentes représentent autant de menaces directes et visibles au bâti.

De l’autre, la volonté de maintenir coute que coute une expression patrimoniale précise risque de rendre ce bâti obsolète. Loin d’opposer ces deux logiques, nous considérons que la transition écologique et solidaire doit autant servir la résilience de notre ville que préserver le patrimoine culturel. Quelle valeur patrimoniale pourrait-il rester à des ouvrages devenus impropres à leur usage, faute d’adaptation ?

Rafraîchir la ville, lutter contre la pollution, rénover thermiquement le bâti sont autant d’outils pour à la fois protéger notre patrimoine et adapter la ville. Bon exemple, les toits cristallisent souvent la discorde : ils constituent les espaces les plus exposés au soleil, et peuvent à ce titre devenir productifs par le déploiement de panneaux solaires, comme diminuer largement la chaleur stockée par l’espace urbain s’ils prennent des teintes claires. Mais voilà, les règlements d’urbanisme de la ville n’offrent que rarement la possibilité d’agir sur ces toitures, au titre de la préservation du patrimoine. Il est aujourd’hui nécessaire de porter avec courage une discussion avec l’ensemble des parties prenantes, plutôt que de se réfugier derrière les prérogatives des uns et des autres.

Conserver est par ailleurs un maitre mot commun aux deux enjeux : l’ADEME montre que tous les scénarii de transitions demanderont à construire moins en neuf, pour préférer adapter notre patrimoine existant à de nouveaux usages. C’est aussi tout le propos des architectes français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, qui ont reçu en 2022 le prix le plus prestigieux à l’échelle mondiale.

Nous avions à ce titre défendu la conservation de la cité industrielle de La Jarry, oeuvre de l’architecte vincennois Laroche, qui mobilisait avec génie la grammaire du béton armé, encore nouvelle à l’époque, au service d’un projet novateur : offrir aux Vincennois un lieu de vie et de travail sain et adaptable à l’infini. Plutôt que de la démolir, cette construction « capable » pouvait héberger de nombreux programmes, en particulier d’enseignement – mais voilà, cela aurait demandé de changer de matière grise : moins bétonner, et réfléchir plus loin. Au final, voici à sa place un lycée dont l’ouverture est repoussée d’un an, faute d’avoir anticipé l’histoire du lieu.

Notre voisin parisien s’est doté d’outils afin de faire entrer la ville et son patrimoine dans les enjeux du 21e siècle, du plan Climat, prochainement révisé, au futur Plan Local d’Urbanisme bioclimatique, en passant par la mission « Paris à 50 degrés ». Rien de tel à date à Vincennes, mais vous pourrez compter sur Vincennes Respire pour porter à la discussion municipale ces sujets qui nous tiennent à coeur.

Flop du mois : Nous espérons que la décision d’organiser le défilé du 14 juillet 2024 sur l’avenue de Paris ne va pas encore décaler le projet d’aménagement de la piste cyclable prévue sur cette dernière.
Double top du mois : Le nouveau vocabulaire de la mairie : on n’invite plus à des réunions de concertation, mais on présente des projets. C’est plus clair… Le nouvel immeuble de la rue de Montreuil 100 % social : quand on vous dit Mme la Maire que faire du tout social c’est une volonté politique, vous venez de nous le prouver !

 

Vos 5 élus de Vincennes respire : Christophe Ribet – cribet@vincennes.fr, Muriel Hauchemaille – mhauchemaille@vincennes.fr, Annick Le Calvez – alecalvez@vincennes.fr, Olivier Sester – osester@vincennes.fr, Quentin Bernier-Gravat – qberniergravat@vincennes.fr